Le Jardin des Savoir-Faire est un projet innovant engagé par Dessine l’Espoir en Eswatini, qui consiste à associer sur un même site une «Forêt Jardin», au milieu de laquelle a été inauguré un centre d’activités et de formation dans les domaines de l’agroécologie de l’agroforesterie, de l’artisanat, et de la gestion de micro-projets. Ce projet a été financé grâce à l’opération « Porte-Bonheurs » initiée par le Bon Marché Rive Gauche en 2021, et inauguré pendant l’été 2022.
Dessine l’Espoir et son partenaire local en Eswatini, l’association Fundzisa Live, ont acquis un terrain d’un hectare en Septembre 2020 à Malanti, village situé à 20km de Piggs Peak sur la route de la capitale, Mbabane, pour y mettre en place ce projet.
Dessine l’Espoir est implantée depuis 2005 à Piggs Peak où elle a tissé des liens importants avec l’Hôpital régional et le groupe de soutien de femmes séropositives et vulnérables, structuré depuis 2012 en ONG. Après avoir géré plusieurs jardins communautaires en zone urbaine et périurbaine, dans 3 quartiers de la ville, le Jardin des Savoir Faire marque un tournant pour les deux ONG, qui déplacent leur centre d’action à 20 km du centre ville, à Malanti, communauté rurale située en bordure de la route principale très fréquentée qui relie Piggs Peak à Mbabane. La plupart des femmes ne vivant pas à Piggs Peak même, il leur est très facile de se rendre à Malanti, très bien desservi par les minibus et taxis collectifs.
Reconnues pour leurs actions dans les écoles avoisinantes, Dessine l’Espoir et Fundzisa Live se sont vues proposer ce terrain pour y installer un centre de formation et de démonstration de techniques agroécologiques. Les débouchés pourront bénéficier directement à la communauté de Malanti.
Dessine l’Espoir conservera toutefois une partie de ses activités à Piggs Peak, puisqu’elle a obtenu de la direction de l’hôpital le droit d’édifier un local de 40m2 dans son enceinte, accolé au centre de dépistage du VIH Sida. Cette antenne est composée de deux salles pouvant servir de salle de consultation pour les jeunes patients séropositifs, et de bureau de liaison avec les patients pour la distribution des aides alimentaires.
La Foret Jardin est un principe développé en agroforesterie consistant à associer des arbres, choisis pour leur capacité à fertiliser le sol, à des cultures maraîchères. Les espèces d’arbres sont variées, choisies pour la production de bois, la production de feuilles nutritives pour l’homme (Moringa), utilisables comme fourrage, pour la production fruitière, mais aussi pour leur capacité à fertiliser le sol, réduire l’évaporation et permettre des cultures maraîchères dans un cadre optimisé.
Le terrain est idéal pour servir d’exemple, car il ressemble à la grande majorité des terres sur lesquelles vivent les populations rurales et défavorisées en Eswatini: Un terrain à flan de montagne, avec quelques roches affleurantes. Tout défi relevé sur ce site pourra donc facilement être dupliqué sur les petites parcelles familiales de la région du Hlohlo.
Une serre de 300 m2 a été mise en place pour développer une activité de production de plants, et de semences reproductibles, en particulier pour les jardins des écoles partenaires de l’association situés en périphérie de Piggs Peak.
La production de légumes alimentera aussi les paniers distribués aux patients de l’hôpital de Piggs Peak.
Le jardin des Savoir-Faire n’est pas qu’un jardin expérimental, il est aussi un lieu de formation et d’apprentissage, dans les domaines de l’agriculture durable et de la nutrition, d’une part, mais aussi de savoir-faire artisanaux, et de connaissances administratives et numériques.
Afin d’aider les femmes à acquérir un savoir-faire et trouver des débouchés pour subvenir aux besoins de leur famille, un atelier, comprenant 2 grandes pièces et un patio central, a été aménagé pour recevoir les formations et les activités artisanales, en fonction des besoins.
L’atelier de couture permettra aux femmes, de s’engager sur des projets locaux, comme la fourniture d’uniformes scolaires afin de continuer le partenariat engagé avec les 5 écoles soutenues par Dessine l’Espoir. Elles pourront aussi explorer d’autres marchés, comme la confection de tenues professionnelles, dans le domaine de la santé par exemple, en valorisant les liens étroits qu’elles ont établis avec l’hôpital.
Les machines seront aussi utilisées pour la formation de nouvelles femmes (sessions de formation régulières), et la réalisation de projets créatifs ponctuels.
Le centre d’activité et de formation dispose aussi d’une cuisine pour la transformation des produits du jardin, et l’apprentissage de recettes choisies pour leurs qualités nutritionnelles.
Cette cuisine peut être utilisée pour des cours de cuisine, afin de sensibiliser les visiteurs à la consommation d’aliments sains, en valorisant les légumes du jardin.
Des ateliers de transformation et de conservation des production seront proposés, avec le matériel adéquat à disposition (séchoir pour conserver les légumes, conserves), qui pourra aussi être mutualisé avec la communauté de Malanti.
La cuisine sera aussi utilisée pour la préparation de repas pour les femmes et les jeunes en formation.
Des panneaux d’information sur la nutrition conçus par l’association avec le soutien de The Ivory Foundation ont été imprimés et placés sur les murs des différents bâtiments du centre.
Des formations «hors les murs» (agroécologie, sensibilisation à l’environnement, nutrition) seront proposées dans les écoles partenaires de l’association, en complément des visites du jardin.
L’investissement dans un véhicule, (type Duster) permettra d’assurer un meilleur suivi des projets, de programmer des interventions régulières en particulier, dans les écoles situées à 20km à la ronde autour de Piggs Peak, soutenues par l’association.
Une structure visant à assurer la garde des enfants en bas age des femmes fréquentant le jardin des savoir-faire est en cours de conception. Il s’agira dans un premier temps, d’une « halte-garderie » proposant une solution de garde ponctuelle pour les femmes en formation ou travaillant sur le site, qui pourra évoluer vers une crèche et une école maternelle.
En Eswatini, il existe actuellement peu de structures d’accueil de la petite enfance, ce qui restreint les possibilités d’émancipation et de professionnalisation des femmes. De plus, cela freine les apprentissages des enfants qui ne débutent leur scolarité qu’à l’âge de 6 ans. Ils doivent alors à la fois s’habituer à la collectivité et à la langue anglaise qu’ils n’ont la plupart du temps, jamais pratiqué. Cette scolarisation précoce leur permettra ainsi d’intégrer l’école primaire plus facilement et mieux préparés, améliorant ainsi leurs chances de réussite scolaire et sociale.
Une unité d’habitation a été mise en place à destination de volontaires de l’association, désireux de partager leur savoir-faire sur des courts séjours. (compétences en artisanat, en gestion, en nutrition dans le cadre de « volontourisme »).
Une petite boutique avec des produits artisanaux sera également mise en place, avec possibilité de distribuer des produits transformés du jardin. Celle-ci pourra se situer en bord de route, pratique très courante en Eswatini, permettant d’attirer une clientèle de passage.
– Autres débouchés envisageables à moyen terme :
La valorisation de la cuisine et des productions du jardin pourra aussi déboucher sur la mise en place d’un service de repas à destination des touristes empruntant la route de Mbabane à Piggs Peak.
D’autres petits chalets, pourront aussi être mis en place pour développer le tourisme solidaire et constituer une ressource complémentaire pour l’autofinancement du centre sur la durée. Le visiteur pourra prendre part à la vie de l’association selon ses compétences, en partageant son temps avec une visite de la région.
Le Jardin des Savoir-faire est la modélisation d’un centre d’activité à gestion locale, au service de la communauté, pour encourager des initiatives de développement durable, (agroécologie, agroforesterie, protection de l’environnement), de formation à des métiers traditionnels (couture, petit artisanat) et des apports de compétences sur les nouvelles technologies, dans des pays où malgré la pauvreté, la plupart des familles ont accès à un smartphone connecté.
Présentation du projet par Cyrille Varet, président de l’Association Dessine l’Espoir.
Un projet soutenu par le Bon Marché Rive Gauche (partenaire principal),
avec le financement additionnel de la Fondation Raja (projet lauréat des Raja Awards 2020), de The Ivory Foundation et du Fonds AA Ulmann.